Comment, dans ma famille, notre évolution nous a éloignés puis rapprochés du consommateur.
Laissez-moi vous conter brièvement notre histoire familiale pour illustrer cela.
Nous sommes agriculteurs sur Loos-en-Gohelle depuis le 16è siècle, à l’époque de Léonard de Vinci 😉… En 1515 Vincent Bailliet Cultive 86.5ha
Mes grands-parents étaient donc installés comme exploitants en 1930 la 9 éme génération … connue
En 1950, les rendements sont de 30 quintaux en moyenne 🌾 Mes grands parents cultivent alors 28 ha.
Les agriculteurs sont proches des mineurs de fond, nous les nourrissons, leur familles travaillent dans nos champs. Nous sommes proches les uns des autres.
En 1962, mes parents s’installent sur 58 ha. Les rendements sont alors de 60 quintaux 🌾La vente se fait en direct à la ferme. 🥛 Lait, pommes de terre, carottes, blé pour les poules et pigeons.
C’est à ce moment que la Politique Agricole Commune (PAC) est lancée, objectif : l’autosuffisance alimentaire de l’Europe !
En 1969, après la naissance de ma soeur 👧🏻 , mes parents stoppent la production de lait et mettent en place de la spécialisation bovine 🐮. Pour dégager du temps, ils arrêtent la vente à la ferme.
Les consommateurs goûtent à la grande distribution, nous vivons le début de l’éloignement avec le grand public.
1971 : année de ma naissance 😉, l’inflation atteint des sommets, les agriculteurs empruntent à 8%, 10 %. Ils se spécialisent de plus en plus. Les prix des produits stagnent, les intrants permettent une augmentation des rendements.
Arrive ensuite la surproduction agricole en Europe.
En 1992, la réforme de la PAC arrive. Une crainte de cette nouvelle réforme provoque le regroupement de mon père et d’autres agriculteurs en CUMA (Coopérative d’Utilisation de Matériel Agricole).
Entre 1994 et 1996 : la production de viande bovine est stoppée. Les rendements en blé sont alors à 90 quintaux 🌾
Je m’installe et démarre une activité de centre équestre 🐴 , une autre forme de connexion avec le grand public.
Entre 1999 et 2002, mes enfants Emilien et Florentine pointent le bout de leur nez 👶🏻 👧🏻
Je découvre pendant cette période les TCS (Techniques de Culture Simplifiée). Nous commençons la vente à l’industrie de transformation, les prix stagnent depuis 1985.
Toujours aucun contact avec le consommateur.
En 2007, je m’engage et préside la CUMA. Je recherche de nouvelles productions pour pérenniser l’exploitation : La pommes de terre en CUMA. Simplification des pratiques, recherche de labellisation et de prix plus rémunérateurs… en vain
En 2015, je me lance dans l’agriculture biologique et crée BIOLOOS. Ma chérie me rejoint sur l’exploitation 😊. La bio devient le seul label capable de stabiliser les revenus dans mon système !
Fin des quotas en Betterave, en lait : les prix sont instables, peu rémunérateurs.
Entre 2018 et 2019, les rendements stagnent à 90 quintaux 🌾. Nous développons nos cultures en bio.
Émilien s’installe, on s’associe sur 150 ha au total. Nous sommes obligés de développer l’irrigation pour pallier aux périodes de sécheresse .Nous vendons désormais à des coopératives, ce qui permet un rapprochement avec les consommateurs.
Et cette année, nous avons mis en place les ateliers “Poireaux / Salades” en BIO, et avons pu embaucher notre 3 ème salarié à temps plein !
Nous sommes en plein questionnement sur la mise en place d’une vente directe, un rapprochement vers les consommateurs, une recherche de meilleures marges !
Pour des questions pratiques, nous nous sommes éloignés du grand public pendant 2 générations mais il n’est pas impossible que nous nous en rapprochions désormais avec le développement de la Bio.
Évolution ? Révolution ?
Voici notre équipe au complet dans notre nouvel atelier poireaux :
Alexandre, Pascal, Emilien, Séverine, Marie-Thérèse, Anthony, Louis, Anne Sophie , Thierry (et Oslo 🐶 qui a profité de la photo pour nous rejoindre 😉).
#DansLesBottes de #CeuxQuiNousNourrissent
Nous en débattrons Lundi 7 décembre dans le RDV Agri N°38 : Sommes nous responsable de l’agribashing ?
Avec Gilles VK mon Co animateur, Eddy Fougier, Rémi Dumery, Etienne Fourmont ….